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Il ne faut pas supprimer les ZFE mais les modifier profondément

Laisser tranquille les particuliers et concentrer les restrictions sur les flottes professionnelles sera à la fois plus efficace et plus juste.

Le groupe FN demandera demain jeudi la suppression des ZFE-m à l’Assemblée nationale, ces “zones à faible émissions” censées diminuer la pollution de l’air. C’est une mauvaise idée. Au Sénat, dans les débats sur cette mesure contestée, Les Républicains se sont fait l’écho de préoccupations croissantes dans la population. Et ce n’est pas du populisme que d’entendre les gens et de faire écho à leurs difficultés. 

Les ZFE sont présentées comme la mesure fondamentale de lutte contre la pollution, mais c’est en fait largement faux. Elles sont à la fois inefficaces, injustes et inapplicables. Dans une étude publiée il y a plus d’un an par Institut Brunoy, j’expliquais déjà les incohérences de cette mesure et proposais des alternatives. En fait, les ZFE sont de mauvaises solutions à un vrai problème.  

Pourtant, il faut, bien évidemment, agir contre la pollution de l’air. Rappelons qu’elle tue plus de 40 000 personnes par an en France. Alors que faire ? Je propose d’apporter deux modifications fondamentales aux ZFE.  

La première consiste à cibler les flottes professionnelles plutôt que les véhicules particuliers : les premières roulent 4 à 5 fois plus que les secondes, parfois 250 kilomètres par jour, pour l’essentiel en centre-ville, pour l’essentiel avec des véhicules diesel, très polluants. C’est vrai du transport de personnes (taxis et VTC par exemple) mais aussi du transport de marchandises qui croît avec l’essor du commerce en ligne. Remplacer un véhicule qui roule beaucoup est plus efficace que remplacer un véhicule qui roule peu ! D’après le Forum économique mondial, électrifier les flottes professionnelles permettrait de diminuer les émissions de CO2 de 70% et la pollution de l’air de 50 % ! 

De plus, la plupart des grands acteurs du secteur sont prêts à agir, certains ont déjà passé le pas (Chronopost livre en zéro émission dans plusieurs villes, UBER s’est engagé sur un plan d’électrification …) : cela permet de massifier l’action. C’est d’autant plus logique que les entreprises amortissent leurs véhicules en 3 ou 4 ans, alors que l’âge moyen d’une voiture particulière est de 10 ans actuellement. 

Et bien sûr, le développement des flottes professionnelles permettrait d’alimenter le marché de l’occasion pour les voitures électriques – qui est minuscule aujourd’hui et rendrait donc ensuite ces véhicules plus abordables pour les particuliers.

La seconde est d’inverser leur logique territoriale. La tendance en France a été d’étendre ces ZFE en espérant accroître leur impact, mais cela les a rendues inapplicables car inacceptables quand elles touchent des zones défavorisées. Il faut à l’inverse les rétrécir aux centres-villes et suivre en cela l’exemple de Madrid. La capitale espagnole réserve ainsi sont centre aux véhicules électriques ou « non polluants ». De cette manière, on touche des populations plus aisées, plus favorables à ces mesures, plus touchées par la pollution aussi. Des populations disposant aussi d’une offre de transports plus développée et utilisant de toute façon beaucoup moins leur voiture (34% des Parisiens possèdent une voiture, contre 85 % en grande couronne). 

Pour lutter réellement contre la pollution de l’air, il ne faut pas supprimer les ZFE mais les modifier profondément. Il faut cesser « d’emmerder les Français ! », comme disait Georges Pompidou. Paradoxalement, c’est la meilleure pour lutter contre la pollution. 

Consulter l’étude complète de Institut Brunoy

Olivier Blond

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