Catégories
Actualités

Ozone : Changer notre manière de réagir aux pics de pollution

Alors que la France vient encore une fois de connaître un pic de chaleur et un pic de pollution à l’ozone, il faut repenser notre manière de faire face à ce polluant différent des autres.

De tous les polluants majeurs de l’air, l’ozone est en effet le seul dont la situation se dégrade dans notre pays. Sur les dix dernières années, sa concentration moyenne a augmenté environ de 25 %, tandis que les autres diminuaient de 30 à 40 % ! Quant aux pics de pollution à l’ozone, ils dépendent de réactions chimiques qui prennent place sous l’action conjuguée du rayonnement solaire et de la température, pendant les épisodes de type caniculaire. Leur nombre augmente logiquement avec le réchauffement climatique.

Le problème est d’autant plus complexe que l’ozone est produit par des mécanismes parfois paradoxaux. C’est ainsi que certaines molécules comme le NO2 jouent un rôle tantôt positif tantôt négatif sur sa formation ; et que d’autres molécules – les COV – sont très largement produites par des sources naturelles comme les forêts.

Trois pistes

Cette chimie particulière explique que les mesures recommandées en pic de pollution et inspirées des autres polluants, issus très largement de la circulation automobile ou du chauffage urbain, n’aient que peu d’effet. La circulation différenciée ou la diminution de la vitesse maximale, recommandée habituellement, ne changent pas grand-chose. Seule l’amélioration météorologique résoud le problème. Ce n’est pas pour dire qu’il ne faut rien faire, tout au contraire. Il va même falloir en faire bien davantage, puisque la situation se détériore. Mais quel est le bon chemin ? Il faut explorer trois pistes d’amélioration.

La première consiste à renforcer spécifiquement nos efforts sur ce polluant qui obéit donc à des logiques différentes des autres. Et il faut le faire à la fois sur le long terme et le court terme. Des problèmes différents exigent des solutions différentes.

La deuxième est d’adapter les recommandations prévues en cas de pic d’ozone. Mais pour cela, il faut évaluer l’efficacité des mesures existantes. Alternativement, quel pourrait-être l’impact de mesures nouvelles encourageant le télétravail, ou celles sur les usages domestiques émetteurs de COV, par exemple ? La complexité des réactions chimiques comme celle des comportements humains pourrait nous réserver bien des surprises, mais il n’existe aucune étude sur ce sujet précis.

La troisième est d’insister sur des mesures d’adaptation. Les pics d’ozone exercent un impact particulier sur les personnes sensibles, comme les enfants et les personnes avec des difficultés respiratoires. Ils atteignent également les écosystèmes. Comment mieux protéger la santé des personnes et les rendements des cultures ?

Tout cela doit bien évidemment se placer dans le cadre général de la lutte contre le changement climatique, qui va aggraver la situation. Mais, encore une fois, prendre conscience de la spécificité du problème de l’ozone est la clé pour pouvoir y apporter une solution.

Cet article a été publié, avec quelques modification mineures, par L’Opinion, le 19 juillet 2022.

Olivier Blond

Catégories
Actualités

Il ne faut pas supprimer les ZFE mais les modifier profondément

Laisser tranquille les particuliers et concentrer les restrictions sur les flottes professionnelles sera à la fois plus efficace et plus juste.

Le groupe FN demandera demain jeudi la suppression des ZFE-m à l’Assemblée nationale, ces “zones à faible émissions” censées diminuer la pollution de l’air. C’est une mauvaise idée. Au Sénat, dans les débats sur cette mesure contestée, Les Républicains se sont fait l’écho de préoccupations croissantes dans la population. Et ce n’est pas du populisme que d’entendre les gens et de faire écho à leurs difficultés. 

Les ZFE sont présentées comme la mesure fondamentale de lutte contre la pollution, mais c’est en fait largement faux. Elles sont à la fois inefficaces, injustes et inapplicables. Dans une étude publiée il y a plus d’un an par Institut Brunoy, j’expliquais déjà les incohérences de cette mesure et proposais des alternatives. En fait, les ZFE sont de mauvaises solutions à un vrai problème.  

Pourtant, il faut, bien évidemment, agir contre la pollution de l’air. Rappelons qu’elle tue plus de 40 000 personnes par an en France. Alors que faire ? Je propose d’apporter deux modifications fondamentales aux ZFE.  

La première consiste à cibler les flottes professionnelles plutôt que les véhicules particuliers : les premières roulent 4 à 5 fois plus que les secondes, parfois 250 kilomètres par jour, pour l’essentiel en centre-ville, pour l’essentiel avec des véhicules diesel, très polluants. C’est vrai du transport de personnes (taxis et VTC par exemple) mais aussi du transport de marchandises qui croît avec l’essor du commerce en ligne. Remplacer un véhicule qui roule beaucoup est plus efficace que remplacer un véhicule qui roule peu ! D’après le Forum économique mondial, électrifier les flottes professionnelles permettrait de diminuer les émissions de CO2 de 70% et la pollution de l’air de 50 % ! 

De plus, la plupart des grands acteurs du secteur sont prêts à agir, certains ont déjà passé le pas (Chronopost livre en zéro émission dans plusieurs villes, UBER s’est engagé sur un plan d’électrification …) : cela permet de massifier l’action. C’est d’autant plus logique que les entreprises amortissent leurs véhicules en 3 ou 4 ans, alors que l’âge moyen d’une voiture particulière est de 10 ans actuellement. 

Et bien sûr, le développement des flottes professionnelles permettrait d’alimenter le marché de l’occasion pour les voitures électriques – qui est minuscule aujourd’hui et rendrait donc ensuite ces véhicules plus abordables pour les particuliers.

La seconde est d’inverser leur logique territoriale. La tendance en France a été d’étendre ces ZFE en espérant accroître leur impact, mais cela les a rendues inapplicables car inacceptables quand elles touchent des zones défavorisées. Il faut à l’inverse les rétrécir aux centres-villes et suivre en cela l’exemple de Madrid. La capitale espagnole réserve ainsi sont centre aux véhicules électriques ou « non polluants ». De cette manière, on touche des populations plus aisées, plus favorables à ces mesures, plus touchées par la pollution aussi. Des populations disposant aussi d’une offre de transports plus développée et utilisant de toute façon beaucoup moins leur voiture (34% des Parisiens possèdent une voiture, contre 85 % en grande couronne). 

Pour lutter réellement contre la pollution de l’air, il ne faut pas supprimer les ZFE mais les modifier profondément. Il faut cesser « d’emmerder les Français ! », comme disait Georges Pompidou. Paradoxalement, c’est la meilleure manière pour lutter contre la pollution. 

Consulter l’étude complète de Institut Brunoy

Olivier Blond

Catégories
Actualités

Olivier Blond

Conseiller régional en Ile-de-France, je suis délégué spécial à la santé environnementale et à la lutte contre la pollution de l’air.

Je suis président de Bruitparif, Vice-président de Ile-de-France Nature, administrateur d’Airparif et de CFHF (Contruire le Futur, Habiter le Futur).

Ancien journaliste, auteur, militant écologiste, j’enseigne la santé environnementale à l’Université catholique de Paris.

J’ai dirigé pendant plusieurs années RESPIRE, l’association nationale de lutte contre la pollution de l’air. Auparavant, j’étais directeur éditorial de la fondation GoodPlanet.

Avec Yann Arthus-Bertrand, j’ai créé l’émission Vu Du Ciel sur France 2 et j’ai écrit ou dirigé une vingtaine de livres sur l’écologie.

Je dirige également un think tank, l’Institut Brunoy pour une écologie des solutions.

J’ai publié récemment : Plaidoyer pour une écologie de droite, préfacé par Valérie Pécresse, éditions Albin Michel, 2022.

Plaidoyer pour une écologie de droite, Olivier Blond, Albin Michel

Pour en finir avec l’écologie punitive, préface par Yann Arthus-Bertrand, éditions Grasset, 2019

Pour en finir avec l'écologie punitive, Olivier Blond, Grasset

Pour me contacter : utilisez Twitter ou LinkedIn

Olivier Blond – Olivier Blond – Olivier Blond